Soin d'un porcelet

Antibiorésistance et antibiotiques à usage vétérinaire : les actions de l’Anses

La multiplication des souches de bactéries résistantes aux antibiotiques remet en question l'efficacité de ces traitements. La problématique de l'antibiorésistance est un enjeu majeur à la fois pour la santé humaine et animale. L'Anses mène plusieurs missions sur les volets de la santé animale et des aliments et de l’environnement.

La résistance aux antibiotiques, une problématique majeure pour les animaux et les humains

L’utilisation importante des antibiotiques depuis plusieurs décennies a sélectionné des microorganismes porteurs de gènes leur donnant la capacité d’y résister. Ces bactéries représentent une menace importante pour la santé animale comme humaine. En effet, les antibiotiques efficaces contre les bactéries pathogènes sont de moins en moins nombreux, voire inexistants pour certaines souches multi-résistantes. Une attention particulière est aujourd’hui apportée à la résistance aux antibiotiques dits « critiques », qui sont notamment utilisés en dernier recours en médecine humaine lorsque les antibiotiques prescrits en premier lieu ont échoué à guérir un patient.

Le rôle de l’Anses dans la lutte contre l’antibiorésistance en santé animale

L’Anses est chargée de la surveillance de l’antibiorésistance en médecine vétérinaire, que ce soit en lien avec l’élevage ou l’alimentation d’origine animale destinée aux humains.

Surveiller et étudier la présence de résistances bactériennes chez l’animal

Le laboratoire national de référence sur la résistance antimicrobienne

Les laboratoires de Fougères et de Ploufragan-Plouzané-Niort portent le mandat de Laboratoire national de référence (LNR) sur la résistance antimicrobienne. À ce titre, ils surveillent dans le cadre de plans de surveillance harmonisés au niveau européen, la résistance des bactéries pouvant contaminer les êtres humains via l’alimentation d’origine animale.

Par ailleurs, le LNR met en particulier en œuvre des plans de surveillance annuels, pilotés par le ministère en charge de l'agriculture et de l'alimentation, qui permettent de suivre l’évolution de la situation au niveau national et européen. Le LNR valide également les méthodes autorisées pour tester la résistance des bactéries d’origine animale aux antibiotiques d’importance critique pour l’être humain.

Comment fonctionne le plan de surveillance mis en œuvre par le LNR ?

La surveillance se focalise sur des bactéries « indicatrices », qui permettent d’estimer le réservoir de résistances en circulation, comme Escherichia coli ou celles responsables d’infections chez l’être humain, comme les salmonelles et les campylobacters. Les prélèvements sont réalisés sur des animaux sains destinés à l’alimentation humaine.

Selon les bactéries et les filières d’élevage, les prélèvements sont effectués en élevage (prélèvements sur les surfaces), à l’abattoir (dans le contenu intestinal) ou à la distribution (dans les viandes). L’échantillonnage est aléatoire et réparti tout au long de l’année sur l’ensemble du territoire national. Chaque année, les résultats sont publiés au niveau français par la Direction générale de l’alimentation (DGAL) et au niveau européen par l’autorité européenne de la sécurité des aliments (EFSA), et le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC).

Le Résapath : réseau de surveillance de l’antibiorésistance

Depuis 1982, le Réseau d’épidémiosurveillance de l’antibiorésistance des bactéries pathogènes animales (Résapath) surveille l’évolution des résistances aux antibiotiques chez l’ensemble des espèces animales domestiques en France.

Le réseau Résapath a pour objectifs de :

  • suivre les tendances d'évolution de la résistance aux antibiotiques chez les bactéries d’importance en santé animale (dont Escherichia coli),
  • détecter l’émergence de résistances à des antibiotiques et en caractériser les mécanismes au niveau moléculaire,
  • apporter un soutien méthodologique et scientifique à l'ensemble de ses acteurs.

Comment fonctionne le Résapath ?

Le réseau est animé par les laboratoires de l'Anses de Lyon et de Ploufragan-Plouzané-Niort. Il fédère plus de 100 laboratoires d’analyses vétérinaires volontaires. Dans le cadre de leur activité de praticien, les vétérinaires sont amenés à procéder à des prélèvements sur des animaux malades, pour isoler des bactéries et réaliser des tests de résistance aux antibiotiques (antibiogrammes). Ces données sont ensuite remontées au Resapath. Le suivi porte principalement sur la bactérie Escherichia coli, qui est indicatrice de l’antibiorésistance, car elle est un réservoir connu de gènes de résistance, qu’elle peut transmettre à d’autres bactéries.

Suivre l’exposition aux antibiotiques et évaluer les risques liés à l'antibiorésistance dans le cadre de la mise sur le marché d’antibiotiques vétérinaires

Au sein de l’Anses, l’Agence nationale du médicament vétérinaire autorise la mise sur le marché en France des médicaments vétérinaires antibiotiques. Le suivi des ventes d’antibiotiques à usage vétérinaire permet par ailleurs d’évaluer l’exposition des animaux aux antibiotiques et de suivre l’évolution des pratiques chez les différentes espèces animales. Les informations recueillies sont un des éléments indispensables, avec le suivi de la résistance bactérienne, pour permettre une évaluation des risques liés à l'antibiorésistance. Ces informations permettent également de proposer des mesures de gestion de ce risque et de suivre leurs effets.

Étudier la présence d’antibiotiques et de bactéries résistantes dans l’environnement

Si l’antibiorésistance est un phénomène bien étudié chez l’être humain et l’animal, sa diffusion dans l’environnement est moins connue. Pourtant, certains gènes de résistance qui posent actuellement problème en médecine proviennent de bactéries de l’environnement. L’Anses a rendu en novembre 2020 une expertise sur la présence de bactéries résistantes et d’antibiotiques dans l’environnement, premier état des lieux des connaissances sur le sujet.

Mener des recherches pour mieux surveiller et comprendre l’antibiorésistance

Les laboratoires de l’Anses mènent également de nombreux travaux de recherche qui permettent une meilleure connaissance de la résistance aux antibiotiques.

Ces travaux peuvent viser à améliorer la surveillance de l’antibiorésistance, par exemple en améliorant les méthodes de détection des bactéries résistantes et le fonctionnement des systèmes de surveillance.

D’autres travaux ont pour objectif de mieux comprendre comment sont sélectionnées et disséminées les bactéries résistantes aux antibiotiques. Pour cela, ils adoptent une approche globale, tenant compte des humains, des animaux et de l’environnement.

Des recherches sont également menées sur les alternatives aux antibiotiques. Le but est de moins utiliser ces médicaments et contourner la résistance de certaines bactéries aux antibiotiques.

Participer aux travaux européens et internationaux de référence dans le domaine de l’antibiorésistance

L’Anses est centre collaborateur de l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA) sur les médicaments vétérinaires et centre de référence pour la résistance antimicrobienne pour la l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Dans le cadre de ces mandats, l’Agence a un rôle de conseil auprès de ces institutions et d’appui aux États membres pour garantir un usage raisonné des antibiotiques en médecine vétérinaire et diminuer l’antibiorésistance.

Les recommandations de l’Anses pour améliorer le suivi et la lutte contre l’antibiorésistance

Favoriser une approche globale, incluant l’Homme, les animaux et l’environnement

Certaines bactéries résistantes peuvent se transmettre des animaux aux humains et inversement. Des bactéries porteuses de gènes de résistance aux antibiotiques sont également retrouvées dans l’environnement. La lutte contre l’antibiorésistance nécessite donc une approche globale, incluant l’être humain, les animaux et l’environnement.

Créer un réseau européen de surveillance de l’antibiorésistance en médecine vétérinaire

Aujourd’hui, seule la surveillance de l’antibiorésistance des animaux sains et sur la viande est harmonisée au niveau européen. Plusieurs pays, dont la France, effectuent également une surveillance de l’antibiorésistance sur des animaux malades. Les scientifiques ont montré que des différences de tendances sont possibles entre les données issues de la surveillance des animaux sains et ceux malades. L'Anses avec différents instituts européens œuvre à la création d’un réseau européen de surveillance de l'antiobiorésistance en médecine vétérinaire (EARS-Vet). Comme le suivi effectué au niveau national par le Résapath, il surveillerait le niveau de résistance des bactéries prélevées sur les animaux malades. Sa création aiderait à mieux définir le bon usage des antibiotiques vétérinaires au niveau européen.

Étudier de nouvelles bactéries

À l’heure actuelle, seules des bactéries pouvant se transmettre de l’animal à l’Homme, comme Salmonella ou Campylobacter ou considérées comme un bon indicateur du niveau d’antibiorésistance général, comme Escherichia coli, sont surveillées régulièrement. Pourtant, d’autres bactéries, responsables de maladies causant des pertes importantes dans les élevages et nécessitant l’utilisation de médicaments, pourraient aussi bénéficier d’un tel suivi. L’Anses explore ainsi la possibilité de surveiller la résistance de bactéries qui ne sont pour l’instant pas prises en compte dans les systèmes de surveillance, à l’image des mycoplasmes.

Améliorer le suivi de la contamination environnementale

Suite au rendu en novembre 2020 d’une première expertise sur la présence d’antibiotiques et de bactéries résistantes dans l’environnement, l’Anses recommande de suivre dans toutes les études sur l’antibiorésistance dans l’environnement un ensemble d’indicateurs comprenant des antibiotiques, une bactérie résistante et un gène de résistance. Elle recommande également de tenir compte du devenir des résidus des médicaments dans le temps et l’espace des contaminations.

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